- Je vais mourir.
- Mais nan, tu vas pas mourir. C'est rien. Juste quelques symptômes à la con, et la fatigue, et l'angoisse. T'es qu'une hypocondriaque, de toute façon. Hypocondriaque d'une seule maladie.
- Oui, ça existe peut-être. Maux de tête, mal à la nuque, légères nausées, mal aux yeux, et sensation d'être épuisée. Ça vient d'il y a quatre ans. Ce garçon qui avait la méningite. Qui n'est même pas mort. Mais j'avais eu peur. Et je connais les symptômes par cœur. Et j'ai peur. Oui, j'ai peur, toujours.
- Tu vas quand même pas gâcher cette première soirée de vacances pour ça ?
- J'ai déjà refusé les soirées auxquelles on m'a invitée. Je tombe de sommeil, j'ai mal au cou, et je suis incapable de me concentrer. Je suis toute seule. Je dois rentrer jeudi, demain j'aimerais aller au cinéma, mais si mon état ne s'est pas amélioré, j'irai voir un médecin, et je rentrerai chez mes parents.
- Mauviette. Trouillarde. Peureuse.
- Oui. Oui, c'est vrai. Je me sens comme une gamine. Qui aurait juste besoin d'être réconfortée, à qui on dirait "tout va bien, ne t'en fais pas, je vais m'occuper de toi". Mais j'ai 20 ans. Alors je dois arrêter de m'effrayer pour un rien. La fièvre, déjà, n'est plus là. C'est con, c'est tellement con.
- Et je parie que les scénarios défilent dans ta tête, genre "mais je suis trop jeune pour mourir", et tu imagines déjà l'annonce de ton triste décès à tes amis, et aux autres. C'est assez mégalo comme réflexion, non ?
- Je n'irais pas jusque là. Mais je réfléchis. Je me dis que personne ne songe à faire de testament à 20 ans. Parce qu'on ne peut pas mourir, à 20 ans. On est invincible. Et puis je me dis aussi, et c'est égoïste, que quand on meurt, le monde continue à tourner sans nous. Les gens sont tristes, se remettent, recommencent à sourire, à rire, oublient parfois qu'on a existé. Se rappellent quelquefois, quand même. Mais continuent à vivre. Sans nous.
- Ben oui, c'est comme ça. C'est la vie. La mort fait partie de la vie. Tu ne peux pas souhaiter aux personnes que tu aimes d'être malheureuses tout le restant de leur vie sous prétexte que tu n'es plus là !
- Je sais bien. De toute façon, si c'était le cas, je ne serais plus là pour le voir, alors ça ne changerait pas grand-chose. Et la meilleure chose qu'on puisse espérer, c'est qu'ils s'en remettent tout en gardant dans un coin de leur mémoire la fille névrosée que j'aurai été.
- Oui, c'est ça. Mais tu vas pas mourir.
- Non, je suis juste fatiguée. Ou alors c'est une intoxication alimentaire à rallonge. Mais j'ai mal à la nuque et les yeux qui piquent, et je me sens nauséeuse.
- Arrête donc de te concentrer sur ton petit monde. Tu n'es pas le centre de la Terre, et tu es trop égocentrique. Tu t'écoutes un peu trop, voilà pourquoi tu as peur, tout le temps.
- Oui, peut-être. Sans doute. Bon. Je vais ranger ma vaisselle, tenter de passer un coup de balai si je tiens debout, et racler les fonds de placards pour me remplir le ventre.
- C'est ça.
- Mais nan, tu vas pas mourir. C'est rien. Juste quelques symptômes à la con, et la fatigue, et l'angoisse. T'es qu'une hypocondriaque, de toute façon. Hypocondriaque d'une seule maladie.
- Oui, ça existe peut-être. Maux de tête, mal à la nuque, légères nausées, mal aux yeux, et sensation d'être épuisée. Ça vient d'il y a quatre ans. Ce garçon qui avait la méningite. Qui n'est même pas mort. Mais j'avais eu peur. Et je connais les symptômes par cœur. Et j'ai peur. Oui, j'ai peur, toujours.
- Tu vas quand même pas gâcher cette première soirée de vacances pour ça ?
- J'ai déjà refusé les soirées auxquelles on m'a invitée. Je tombe de sommeil, j'ai mal au cou, et je suis incapable de me concentrer. Je suis toute seule. Je dois rentrer jeudi, demain j'aimerais aller au cinéma, mais si mon état ne s'est pas amélioré, j'irai voir un médecin, et je rentrerai chez mes parents.
- Mauviette. Trouillarde. Peureuse.
- Oui. Oui, c'est vrai. Je me sens comme une gamine. Qui aurait juste besoin d'être réconfortée, à qui on dirait "tout va bien, ne t'en fais pas, je vais m'occuper de toi". Mais j'ai 20 ans. Alors je dois arrêter de m'effrayer pour un rien. La fièvre, déjà, n'est plus là. C'est con, c'est tellement con.
- Et je parie que les scénarios défilent dans ta tête, genre "mais je suis trop jeune pour mourir", et tu imagines déjà l'annonce de ton triste décès à tes amis, et aux autres. C'est assez mégalo comme réflexion, non ?
- Je n'irais pas jusque là. Mais je réfléchis. Je me dis que personne ne songe à faire de testament à 20 ans. Parce qu'on ne peut pas mourir, à 20 ans. On est invincible. Et puis je me dis aussi, et c'est égoïste, que quand on meurt, le monde continue à tourner sans nous. Les gens sont tristes, se remettent, recommencent à sourire, à rire, oublient parfois qu'on a existé. Se rappellent quelquefois, quand même. Mais continuent à vivre. Sans nous.
- Ben oui, c'est comme ça. C'est la vie. La mort fait partie de la vie. Tu ne peux pas souhaiter aux personnes que tu aimes d'être malheureuses tout le restant de leur vie sous prétexte que tu n'es plus là !
- Je sais bien. De toute façon, si c'était le cas, je ne serais plus là pour le voir, alors ça ne changerait pas grand-chose. Et la meilleure chose qu'on puisse espérer, c'est qu'ils s'en remettent tout en gardant dans un coin de leur mémoire la fille névrosée que j'aurai été.
- Oui, c'est ça. Mais tu vas pas mourir.
- Non, je suis juste fatiguée. Ou alors c'est une intoxication alimentaire à rallonge. Mais j'ai mal à la nuque et les yeux qui piquent, et je me sens nauséeuse.
- Arrête donc de te concentrer sur ton petit monde. Tu n'es pas le centre de la Terre, et tu es trop égocentrique. Tu t'écoutes un peu trop, voilà pourquoi tu as peur, tout le temps.
- Oui, peut-être. Sans doute. Bon. Je vais ranger ma vaisselle, tenter de passer un coup de balai si je tiens debout, et racler les fonds de placards pour me remplir le ventre.
- C'est ça.
[Nina et moi, samedi dernier.]
Digressions mises à part, tes dernières remarques sont très justes, moi aussi faudrait que je fasse le ménage et la vaisselle.
Quoique.