Dimanche 10 octobre 2010 à 3:39

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Samedi 28 août 2010 à 2:43

J'ai écrit une histoire, là. Ce n'est pas retravaillé, et je me lève à 7h30 demain. La nuit va être très courte, mais l'inspiration est venue sans prévenir. Ça s'appelle Novembre. (Les grands espaces, c'est à cause du copié-collé, et parce qu'il est trop tard pour rester éveillée et tout bidouiller. Les espaces, j.)
 

Fin novembre. Il faisait froid, ce soir-là. Il était dix-neuf heures et le cours était terminé. Julia venait de sortir du bâtiment pré-fabriqué dans lequel le cours avait eu lieu. Je la suivais. Elle s'arrêta, saluant de la main les étudiants pressés de rentrer chez eux ou d'aller boire un café pour oublier que l'hiver et les examens approchaient.

Elle alluma une cigarette, m'en proposa une, que je refusai d'un signe de tête. Je frissonnai ; je portais une veste légère.

- Prends donc une taf, ça te réchauffera.

Je haussai les épaules et saisis la cigarette qu'elle me tendait.

- Faut qu'on aille bosser un peu, non ? dis-je.

- Ouais, sans doute.

Elle aspira encore quelques goulées avant d'enchaîner :

- Ouais, t'as raison. On commence par quoi ?

- L'exposé sur Musset et Shakespeare ?

- Ça marche. Chez moi ?

- Chez toi.

 

Nous marchâmes en silence jusqu'au petit appartement de Julia. La nuit était tombée, et je tremblais décidément un peu trop. Chez elle, une lumière jaune, chaude et douce. Je ne connaissais pas le lieu. Je connaissais peu Julia. Elle était arrivée au début de l'année, alors que j'étais à la fac depuis un an. Elle ne parlait pas beaucoup et faisait partie de ces personnes mystérieuses qui m'intriguaient instantanément. Elle n'avait pas énormément d'amis, du moins pas à ma connaissance. Je n'aurais jamais osé lui adresser la parole si on ne s'était pas inscrites à cet exposé, un peu par hasard, parce qu'on était dans le même groupe et que tous les autres sujets étaient pris. C'était la première fois que je me retrouvais seule avec elle. J'aimais l'ambiance de la pièce dans laquelle elle m'avait invitée d'un signe de tête à enlever ma veste et à m'installer. J'avais d'elle l'image d'une fille froide, trop bien et trop particulière pour m'adresser la parole. Des affiches de films en noir et blanc sur les murs. Un bureau recouvert d'un tas de vêtements. Son lit contre la fenêtre. Une pile de livres plus ou moins entassés sur des étagères et sur le sol. Des CD épars. Je souriais. J'aimais cette atmosphère où tout semblait en perpétuel mouvement. Comme pour s'excuser, elle fit le geste de passer la main derrière sa tête et une légère grimace :

- Ouais, désolée, c'est pas trop rangé...

- C'est pas grave, ça me dérange pas. Enfin je... j'aime bien, quoi.

- Ok, cool. Euh... tu veux boire un truc chaud ? Vu que t'as l'air de te les geler.

Je ris un peu et acquiesçai.

- Un chocolat chaud, si tu as, oui.

Elle se dirigea vers le coin cuisine. Je la sentais gênée. D'être avec une inconnue, de ne pas savoir quoi lui dire. Mais elle masquait plutôt bien son malaise. Silence. Bruit du micro-ondes.

Elle débarrassa une petite table d'un cendrier plein et d'une tasse, puis me proposa de m'asseoir. Je sortis quelques feuilles et les deux livres que nous devions comparer, bien décidée à me mettre au travail au plus vite.

- Alors, euh, tu as lu les livres ?

- J'ai commencé.

Elle rougit.

- Non, vraiment, je t'assure, j'ai commencé Hamlet, mais j'ai pas eu beaucoup de temps pour moi ces derniers jours, du coup j'ai pas trop avancé. Désolée.

- Ah. Bon. Ben je vais te résumer les deux histoires alors, histoire qu'on puisse bosser un peu ce soir.

Au fur et à mesure que je parlais, que j'expliquai, avec quelques hésitations, je me sentais de mieux en mieux. Julia souriait, riait parfois. J'aimais bien la faire rire. Je me sentais intéressante. Alors que je proposais de prendre quelques notes, elle se leva et s'excusa :

- Ça te dérange si je m'en grille une ?

- Euh... je suis pas fan de la fumée mais tu es chez toi.

Elle se dirigea vers la fenêtre et l'ouvrit. Le vent s'engouffra dans l'appartement. Je toussai.

- Décidément, tu es une petite nature !

Elle souriait, encore. Elle avait un joli sourire.

- Oui. Oui, c'est vrai.

- Tiens, prends donc un pull qui traîne sur mon bureau.

- Merci.

Je m'exécutai et m'assis sur son lit, l'observant de côté. Elle avait une manière bien à elle de tirer sur sa cigarette. Et un regard sacrément vague. Toujours ce mystère, et ses yeux noirs.

- Tu viens d'où ?

La question avait franchi mes lèvres sans vraiment que j'y réfléchisse. Julia se tourna vers moi, l'air un peu surpris.

- De partout. De nulle part.

- Ah ah. C'est pas une vraie réponse, ça.

- D'un trou paumé près de Paris. C'est pas très intéressant.

- Si tu le dis. Je n'osai pas insister.

- Et toi ?

- Moi ?

- …

- D'à côté. De chez mes parents, à une vingtaine de minutes de la fac. Rien de très palpitant.

Baissant les yeux, j'aperçus une guitare, posée près du lit.

- Oh, je peux ?

- De ?

- La guitare ?

- Ah euh ouais, vas-y.

Timidement, je grattai quelques accords.

- Elle sonne super bien !

Julia sourit une nouvelle fois, de mon enthousiasme. Alors je continuai, fredonnant tout bas.

- Tu chantes ?

Je la regardai et rougis.

- Un peu.

- J'adore. Tu peux ? Me chanter un truc ?

- Euh, oui... si tu veux.

Je choisis une de mes chansons préférées. Ma voix chevrotait un peu, et puis j'avais toujours froid, malgré le pull. Peu à peu, je pris de l'assurance. Quand j'eus terminé, elle demanda :

- Et des morceaux à toi ? Tu en as ?

La mineur. Do. Une composition. Je chantais. Encore. Et elle m'écoutait, et j'avais moins froid. Fa. La mineur. Le silence.

- Pourquoi tu ne regardes pas les gens, quand tu chantes ?

- Je suis intimidée. Et incapable de jouer ce morceau en levant les yeux.

- Il est très beau.

Le silence, encore. Je la regardai.

- Tu pleures ?

- Non, c'est la fumée.

Le silence.

- On s'y remet ? demanda-t-elle une fois sa cigarette terminée.

- Oui. Non. Attends. Tu joues un peu ?

- Ah non, pas du tout !

- Alors pourquoi la guitare ?

- Euh... c'était celle de mon ex.

- Ah, excuse-moi.

- Non, c'est rien.

 

Musset. Shakespeare. Portraits des personnages. Le romantisme. Une cigarette. Le silence. Elle me demanda de choisir un disque. Ce fut Damien Rice. Elle me dit :

- Je l'adore, il y a comme des larmes dans sa voix.

- Oh, il y a un écrivain qui disait ça. Nina Bouraoui.

- Ah bon ?

- Oui.

- Je ne la connais pas.

- Tu devrais. Ses livres sont bouleversants. Enfin me bouleversent, moi.

- D'accord.

La musique, le silence entre deux chansons. La musique.

- Tu sais...

Je ne répondis rien, je l'écoutai, à nouveau sur le lit.

- La guitare... c'est l'un des derniers souvenirs que j'ai de Claire.

- Oh. Je... elle est partie ?

- C'est plus compliqué. Enfin non, pas vraiment. J'aurais aimé qu'elle soit juste partie.

You can't paint an elephant quite as good as she.

J'attendais qu'elle continue. Je pressentais la suite sans y croire. Ça aurait fait mélodrame. Et puis pourquoi me confier ça à moi ?

- Enfin bon. Je ne vais pas te raconter ma vie.

- Ça ne me dérange pas.

Elle sourit.

- Je t'aime bien. Mais t'as l'air tellement naïve.

- C'est possible.

Le silence. And she may cry like a baby.

- C'est quoi le truc le plus fou qui t'es arrivé ?

- Être tombée amoureuse.

- Ah, toi aussi.

- Oui.

- Ça fait mal, hein ?

- Oh oui.

- Il s'est passé quoi ?

- Elle est partie.

- Elle ?

- Oui, aussi. Elle est partie avec un garçon. Elle s'appelait Clémence, et elle avait les plus beaux yeux du monde.

 

Julia ne répondit pas.

 

- Quelle heure est-il ?

- Une heure moins le quart.

- Non ?!

- Merde ! Y a plus de métro !

- Ben reste.

- Tu crois ?

- Ouais.

- Bon.

- T'as faim ?

- Carrément !

- Des pâtes ?

 

Je ris. J'oubliais ensuite Musset et Shakespeare, la fac et le froid. Je me plongeais dans les mots de Julia, qui me racontait l'accident de Claire, son départ de Paris et ses envies d'ailleurs. Les filles qu'elle avaient connues avant, sa famille et ses rêves de gosses pas encore envolés. Elle était fascinante. Elle était un peu triste, mais elle était belle. Et puis elle s'est assise près de moi, sur le lit, quand j'ai chanté 9 Crimes avec Damien Rice, et elle m'a embrassée. J'avais si chaud, j'étais si bien, et elle était si douce. Novembre me semblait loin, novembre n'existait plus, il n'y avait que son corps, ses yeux noirs et ses mains. Elle s'est endormie au petit matin. Trop fatiguée pour une dernière cigarette. Je ne dormais pas, alors je me suis levée, j'ai volé une cigarette et son briquet. Je me suis rhabillée et j'ai ouvert la porte, sans bruit.

 

Je suis sortie. Il faisait froid, encore. Ce froid de novembre, parmi les premiers froids de l'année. Mais un froid délicieux, pourtant. Comme un arc-en-ciel un jour de pluie. J'ai allumé la cigarette, et j'ai fredonné.

 

Life goes easy on me most of the time.

Mercredi 5 mai 2010 à 1:03

Mots. Mots. Mots. J'ai envie de mots. De mots beaux, de mots idiots. De mots magiques, de mots pratiques. Mais dès que je commence à écrire, plus rien ne vient, c'est comme le vide. C'est comme se juger soi-même et s'apercevoir que tout cela est bien pitoyable, bien bas et sans avenir. L'inspiration est une sorcière. Je n'ai pas de muse, je n'ai jamais eu de muse. C'est peut-être ce qui me manque, pour pouvoir parler d'amour et de jolies choses. Pour écrire. C'est toujours le même problème, je tourne en rond. Je prends ma guitare, et les mêmes accords reviennent. Ma voix déraille, c'est pas joli, je n'y arrive pas. Je n'y arrive pas. Je n'y arrive pas. Ce n'est pas une question de défaitisme. Je ne trouve plus les mots en français et parle trop mal l'anglais. Alors je fais quoi ? Rien. J'attends que la sorcière daigne refaire une apparition, le temps de quelques phrases.

http://mademoiselle-coquelicot.cowblog.fr/images/Printemps0162.jpg
Prête-moi tes Mots Majuscules.

Mardi 15 décembre 2009 à 14:05

Je tiens debout. Je me croirais presque guérie s'il n'y avait cette toux lancinante qui me brûle la poitrine, et ces courbatures qui prennent tout mon buste. Ce soir, je retourne à Nantes. Demain et jeudi, je passe les deux exams pour lesquels je n'ai pas travaillés. J'aimerais retrouver le goût et la capacité d'écrire. Comme au temps du collège, comme au début du lycée ; je n'étais pas encore trop exigeante avec moi-même. Je parle de chansons, je parle de mots, jetés çà et là. Je n'y arrive plus. C'est comme la motivation, tout ça m'a quittée. Oh, bien avant la grippe. Je parle du général. Du global. J'ai cette impression de ne plus être bonne à grand-chose et d'attendre l'inspiration en vain. Et ce casting, lundi, pour lequel je ne suis pas prête. Je serai paralysée, forcément. Si ça se trouve, je n'aurai même pas retrouvé ma voix. Je n'ai pas envie de prendre le train. Les allers-retours me lassent. Je ne suis bonne qu'à raconter ma vie et me plaindre.
 
http://photomaniak.com/upload/out.php/i868848_Copie2deoliviahullu72.jpg
Si vous aimez les jolis mots...

Dimanche 16 août 2009 à 0:25

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