La nuit ici, il fait tout noir. Depuis quelques mois, les lampadaires sont éteints à minuit pile. Le noir compact, le noir total. C'est effrayant, d'avancer sans voir où l'on met les pieds. De sortir la voiture de la pente, de partir, sans aucune lumière, cette impression d'avancer à l'aveugle en dehors des phares. Comme dans un endroit inconnu. Alors que j'y vis depuis dix-sept ans. Et c'est la même chose dans toute la ville. Noir d'encre. Noir qui fait peur, on ne voit personne, personne ne nous voit. C'est comme un ailleurs, un autre temps, un autre moment. La perte des repères. Je n'aime pas ça, je crois. Ne pas savoir où je suis, où je vais, qui m'attend, qui m'entend.
(L'économie d'énergie, paraît-il. Je suis endormie, en ce moment. Je parle difficilement, m'exprime avec paresse. Hors de mes pompes, comme dans du coton. La chaleur, peut-être.)
J'aimerais te revoir.
(L'économie d'énergie, paraît-il. Je suis endormie, en ce moment. Je parle difficilement, m'exprime avec paresse. Hors de mes pompes, comme dans du coton. La chaleur, peut-être.)
J'aimerais te revoir.